L’Intelligence Artificielle et le refus de la misère absolue

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Peu de personnes s’intéressent aujourd’hui à la « misère absolue » de ceux qui n’ont plus rien, cet état entre la vie et la mort où la souffrance physique et psychologique dépasse de loin les seuils de la tolérance morale, où l’inacceptable perte de tout repère fait office du quotidien, où Dieu cesse d’exister. Pourtant, la misère absolue est partout dans l’actualité, parfois cachée à l’ombre de la honte, mais souvent bien visible, même pour ceux qui regarde ailleurs, pour nous tous en fait… déçus d’appartenir à une espèce qui s’autorise à induire de tels drames… mal à l’aise de leur rendre l’asile difficile ou impossible… embarrassés de profiter d’un peu de bonheur que le hasard a placé sur notre route… gênés par notre indifférence.

Si la misère absolue qu’ont imposée à une centaine de millions de personnes les totalitaires et narcissiques Hitler, Pol Pot, Staline, Mao Zedong… s’est résolue au fil des années, la misère édifiée en système de ISIS, Boko Haram au nom de l’Islam, celle des réfugiés de guerres du Moyen-Orient, celle aussi que subissent les Rohingya au Minmyar, cette misère est bien vivante… c’est une misère moderne que l’on peut photographier et diffuser partout dans le monde… c’est une misère plus qu’absolue parce que ceux qui la subissent savent que d’autres ne la subissent pas… que ce n’est pas le quotidien de la vie ailleurs… c’est une misère ultime qui prend naissance dans les abîmes de la conscience… cette inconscience absolue de tous ceux qui en sont la cause… dans la lâcheté de tous ceux qui sont en position de l’éviter… dans le déni des bien-pensants et des bien-nantis… dans l’encouragement subtil de ceux qui haïssent… dans l’indifférence générale.

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Derrière ce mal, il y a ceux qui accèdent et s’accrochent au pouvoir et aux bénéfices qu’il rapporte, il y a ces politiciens qui parlent de terreur et de sécurité nationale, se donnant ainsi un sauf-conduit pour se lancer dans la répression aveugle, il y a le capitalisme sans boussole morale… mais il y a aussi ces assoiffés du pouvoir de vie ou de mort, ce pouvoir extrême qui fait jouir les sociopathes et les dégénérés, un pourvoir qu’ils s’accordent en s’emparant de causes prétendues du juste, du divin même, un pouvoir qui fait trembler l’économie… qui désarçonne l’ordre établi… et dont il faut se protéger.

La misère est l’aboutissement d’un processus complexe façonné de milliers de facteurs, de petites choses dont on ne soupçonne pas les effets combinés sur l’organisation sociale, de croyances, de divergences, d’aveuglément, d’égoïsme… enfin d’une combinaison d’événements et de réactions qui polarisent les forces dans la communauté et les transforme en ennemis menaçant à éliminer, à chasser du territoire tribal quel qu’en soit les conséquences sur les innocents qui en sont la cible directe ou indirecte.

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Il faut refuser la misère absolue… en neutraliser la source avant qu’elle ne devienne contagieuse… avant qu’il devienne impossible de l’anéantir de manière définitive… même dans les démocraties avancées où les droits de l’homme sont maintenant de plus en plus contestés par les hordes identitaires, même dans les démocraties aussi avancées que celle des États-Unis où le pouvoir est maintenant dans les mains d’une pensée politique rétrograde qui épouse les valeurs tribales de ceux qui la supporte, un pouvoir qui a déjà identifié les groupes qui seront plongés dans la misère, qui sait déjà quand et comment cette misère leur sera imposée.

De quelle utopie parle-t-on ici ? La misère est l’état inévitable des minorités qui « nuisent à l’économie et à la sécurité », qui sont de trop, qui ne partage pas les valeurs de la majorité… c’est comme ça depuis l’aube de l’humanité… c’est imprégné dans la culture… c’est indélébile.

Faux ! C’est l’ignorance, le mensonge, la malveillance médiatique et la cupidité qui stimulent les préjugés et les élèvent en haine, en confrontation, en exclusion, puis, en certaines circonstances épouvantables, en génocide. C’est la cupidité, la soif du pouvoir, le déni, les croyances et l’insécurité qui enveloppent ce processus… Ce n’est pas indélébile, ce n’est pas le destin obligé des minorités non désirées…

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L’espoir d’anéantir à tout jamais la misère absolue repose au premier chef sur les extraordinaires capacités de l’intelligence artificielle d’identifier les facteurs qui interviennent dans les processus qui en sont responsables, d’en analyser les causes et les effets, d’identifier clairement les régions à risque et d’en déduire une stratégie permettant de prévenir les crises bien avant qu’elles ne deviennent inévitables. Les données à cet effet sont inépuisables et se chiffres en termes de millions de pages de textes, de tableaux, de vidéos et d’images, certaines confidentielles, d’autres publiques, et ce dans des dizaines de langues et suivant des centaines de perspectives, rien que ne peut prendre en charge les algorithmes des engins de recherches et d’extraction des connaissances… un travail impossible à réaliser par des humains qui, le plus souvent, tenteront d’intervenir quand il n’y a plus rien à faire. On peut penser que ces puissants algorithmes seront même en mesure d’extraire les actions à poser et d’en identifier les artisans les mieux placés pour en maximiser l’efficacité.  

Refuser la misère absolue… la solution par la gouvernance numérique n’est pas pour demain, les obstacles institutionnels et techniques sont en effet nombreux, mais le désir que nous partageons tous d’en finir avec tout ça une fois pour toutes viendra à bout des résistances politiques et du laisser-aller.  

Alain Avanti

Alain Avanti

Alain Avanti s’intéresse à travers la science-fiction à l’évolution de l’espèce humaine. Il écrit pour ceux qui, comme lui, adhèrent à une nouvelle vision du monde, un monde qui se fabrique sur la vérité, la bonté, la raison, la connaissance, l’imaginaire et la quête du bonheur… un monde où la liberté de chacun s’exprime dans un environnement sécuritaire… un monde où le pouvoir est véritablement au service de l’épanouissement de tous… un monde respectueux de la vie et engagé à la protection de la biosphère.

Ses livres sont des thrillers politiques où s’entremêlent le bien et le mal, où l’inconnu et le doute défient l’intelligence… Ses récits veulent plaire à ceux qui croient à un grand destin pour le genre humain, mais qui peinent à trouver le temps pour y rêver… Ses romans veulent rendre captivant le regard que l’espèce humaine devrait jeter sur elle-même, sur l’infiniment petit, l’infiniment grand et l’infiniment mystérieux… Ses écrits portent sur la responsabilité que donne aux humains la capacité de prendre conscience de ce qu’ils sont… la conscience, cet attribut unique que le cosmos a mis plus de 13,8 milliards d’années à façonner.

Il y a là une certaine vision utopique de ce que pourrait devenir le monde dans lequel nous vivons… sauf que…

… sauf que le génome humain… porteur de la parole et de l’imaginaire, l’industrie de la raison et de la bonté… l’immense aboutissement de l’énergie et la matière… dispose de tout ce qui pourrait être utile à ce grand dessein… mais aussi de tout ce qui pourrait empêcher le destin de l’humanité de se réaliser.

La Série « Nouvelles Écritures » imagine un monde où enfin l’humanité a été entendue par une civilisation qui a traversé toutes les étapes de son évolution, une civilisation extraterrestre… extradimensionnelle… qui ouvre la porte à l’apparition d’un nouvel humain. Les personnages engagés sur cette voie feront face à des résistances inattendues et découvriront que la quête d’un monde meilleur ne fait pas l’affaire de tous.

Les limites de l’état conscient de l’intelligence humaine…

Dans mes écrits de science-fiction, l’état conscient de l’intelligence humaine est vu comme sa faculté de distinguer le bien du mal, le bon de ce qui est mauvais, le vrai du faux, le beau de ce qui est laid, la grandeur d’âme de ce qui est mesquin… L’état conscient de l’intelligence se distingue de la notion de conscience pure que je vois plutôt comme une propriété du cerveau qui permet aux humains d’appréhender les objets et phénomènes extérieurs, de ressentir des émotions et des pulsions en regard de ces objets tout en ressentant des émotions et des pulsions par rapport aux actes que ces objets et phénomènes provoquent. L’état conscient de l’intelligence permet d’examiner et de juger de sa propre existence et aussi, de savoir d’où l’on vient, où l’on va et quelles responsabilités vis-à-vis sa propre existence, celles des autres, celle des animaux, de l’écosphère et des capacités de la vie sur terre que cet « état conscient » confère à chacun. Cet état conscient serait le gouvernail des choix dans l’agir humain, de l’agir en respectant des règles qui sont porteuses de l’idéal vers lequel l’espèce humaine se dirige, ou aimerait dans ses rêves les plus fous se diriger.

Oui… bien sûr, les humains sont dotés de facultés de raisonnement et de capacités de distinguer le bien du mal, peut-être la seule espèce en mesure d’une pareille performance dans notre galaxie [voir la Gaian Bottleneck Hypothesis], mais pour l’humain, dans sa réalité, occupé à autre chose dans son quotidien, raisonner “consciemment et intelligemment” sur un enjeu est un exploit loin d’être à la portée de tous. L’humain est plutôt plongé dans le “mudling through» ou « l’art de se débrouiller » sans trop d’analyses et de planification. Ses actions, parfois offensives, parfois défensives, parfois neutres, cherchent à produire des résultats obéissant avant tout à ce qu’il perçoit [ou calcule] être son intérêt personnel et la satisfaction de ses pulsions [les « qualia » motivationnelles et émotionnelles]. Ses actes et son comportement sont modulés par son caractère psychologique forgé par les aléas de la vie… son hérédité aussi, actes et comportements correspondant à des réactions aux circonstances selon un mode qui est propre à chaque individu.

Pour se donner un peu de liberté et de sécurité, l’humain compense en créant des institutions et en leur confiant des mandats pour maintenir un certain niveau de prévisibilité des phénomènes qui ont cours dans l’environnement dans lequel il agit. Il se donne ainsi des règles et des moyens persuasifs d’y obéir. Et ces règles lui permettent d’agir selon un idéal-type, celui auquel il adhère, de gré ou de force, celui le plus souvent établi aux coûts de chaudes et désastreuses luttes politiques ou par des paroles spirituelles manipulatrices inventées par l’homme et imputées à un dieu tout puissant.

Mes romans de science-fiction veulent tenir compte de cette forêt enchevêtrée de comportements, où se reproduit constamment le conflit entre l’état conscient de l’intelligence humaine et le bourbier infernal dans lequel nous plongent nos pulsions.

Nous sommes ici au cœur de l’histoire humaine… et ça ne va pas bien !

Ça ne va pas bien… au point où les optimistes, dont j’étais, voient mal comment l’espèce humaine se sortira du bourbier planétaire dans lequel elle s’enfonce inexorablement… Et pour cause… ses problèmes sont insolubles, les forces et habilités intellectuelles dont elle dispose pour les résoudre étant incapables d’affronter et de vaincre la puissance et la multitude des forces qui en sont responsables ou qui en favorisent le développement : pauvreté de masse, exclusion économique et désespérance sociale, terrorisme local, régional et international, réfugiés de guerre, migrants politiques, croissance de l’écart entre les riches et les pauvres, réchauffement planétaire et perturbations climatiques, acidification des océans, montée des niveaux de la mer, essoufflement de la consommation, déclin des économies, endettement chronique des pays et des ménages, vieillissement des populations des pays développés, accentuation du sous-développement, obstacles à la gouvernance des états et des villes, dépendance complète des nations à l’informatique, asservissement fiscal et politique des citoyens, perte de liberté de parole et de pensée, dé-alphabétisation, effondrement boursier… Mais aussi : raréfaction des ressources, guerres de l’eau, augmentation du prix des aliments, réduction de la biodiversité, accroissement des confrontations intercivilisationnelles et interethniques, guerres de religion, maintien des inégalités des genres, renforcement et sophistication de la criminalité, augmentation de la consommation de drogues et d’alcool, développement systémique du décrochage scolaire, sous-scolarisation des masses, généralisation de la corruption, collusion entre les élus, mépris des droits de l’homme, commerce des armes… et j’en passe... de quoi être parfaitement heureux !

Peut-être que nos idéaux-types sont incapables de produire des solutions à ces problèmes, peut-être qu’au contraire, ils se sont construits et adaptés pour les entretenir.

Alors quoi ? Tout le monde s’en fout. Peut-être… peut-être qu’il vaudrait mieux profiter du temps qu’il reste à se bercer avec nos illusions et d’en tirer le meilleur parti possible.

Mais, peut-être pas… peut-être serait-il plus avisé de comprendre que la survie de l’espèce humaine dépend de sa nature profonde… et de ce qui, dans la biochimie de ses comportements et dans l’état conscient de son intelligence, la rendra invulnérable aux multiples menaces qu’elle crée elle-même.

C’est sans doute ce à quoi réfléchit Klaus Schwab, et ce à quoi aimerait arriver le Forum Économique Mondial. Il y a de l’espoir…

Alain Avanti

Alain Avanti

Alain Avanti s’intéresse à travers la science-fiction à l’évolution de l’espèce humaine. Il écrit pour ceux qui, comme lui, adhèrent à une nouvelle vision du monde, un monde qui se fabrique sur la vérité, la bonté, la raison, la connaissance, l’imaginaire et la quête du bonheur… un monde où la liberté de chacun s’exprime dans un environnement sécuritaire… un monde où le pouvoir est véritablement au service de l’épanouissement de tous… un monde respectueux de la vie et engagé à la protection de la biosphère.

Ses livres sont des thrillers politiques où s’entremêlent le bien et le mal, où l’inconnu et le doute défient l’intelligence… Ses récits veulent plaire à ceux qui croient à un grand destin pour le genre humain, mais qui peinent à trouver le temps pour y rêver… Ses romans veulent rendre captivant le regard que l’espèce humaine devrait jeter sur elle-même, sur l’infiniment petit, l’infiniment grand et l’infiniment mystérieux… Ses écrits portent sur la responsabilité que donne aux humains la capacité de prendre conscience de ce qu’ils sont… la conscience, cet attribut unique que le cosmos a mis plus de 13,8 milliards d’années à façonner.

Il y a là une certaine vision utopique de ce que pourrait devenir le monde dans lequel nous vivons… sauf que…

… sauf que le génome humain… porteur de la parole et de l’imaginaire, l’industrie de la raison et de la bonté… l’immense aboutissement de l’énergie et la matière… dispose de tout ce qui pourrait être utile à ce grand dessein… mais aussi de tout ce qui pourrait empêcher le destin de l’humanité de se réaliser.

La Série « Nouvelles Écritures » imagine un monde où enfin l’humanité a été entendue par une civilisation qui a traversé toutes les étapes de son évolution, une civilisation extraterrestre… extradimensionnelle… qui ouvre la porte à l’apparition d’un nouvel humain. Les personnages engagés sur cette voie feront face à des résistances inattendues et découvriront que la quête d’un monde meilleur ne fait pas l’affaire de tous.